mercredi 14 mai 2008

Bob Fish dans le schéma .....




Voici donc ce texte

Yves Chaland est un des chefs de file du retour de la ligne claire au début des années 80’. Une trajectoire fulgurante (il meurt des suites d’un accident de voiture à l’age de 33 ans), qui laisse quelques livres fameux, dont "Le jeune Albert". C’est ce personnage ambivalent du jeune Albert que l’on retrouve dans ce récit de 33 planches, menant son bonhomme de chemin au côté de Bob Fish, un détective "comme dans les livres". Deux schémas actantiels, combinés en une seule histoire.
Cette combinaison de schémas est simple, on peut dire que chacun des 2 protagonistes va occuper tour à tour le centre de la dramaturgie, opérant un système de relais : Albert amènera l’enquête à un point où Bob Fish la reprendra. Leur objectifs sont différents mais ils vont se rencontrer sur un objectif local.


Le récit commence par une séquence d’ouverture assez longue (3 planches), qui donne une ambiance typiquement rétro au récit, et contient peu d’éléments proprement dramaturgiques (2, en fait).



Le docteur Morant expose avec fracas une théorie psycho-morale, qui lui a servi de base à l’élaboration d’un vaccin contre le mal, dont il fait la démonstration sur un tueur psychopathe récidiviste, Jack le tueur. Celui-ci semble devenir un agneau à la suite de l’injection du W1.

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Le docteur Morant meurt à fin de cette séquence, emportant son secret.



Suit une courte exposition de Albert, un des deux protagonistes. Un jeune garçon, fan de bande dessinée, découvre le dernier opus de son héros favori, Bob Fish.

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A peine sorti dans la rue, il bouscule un morantin (effet d’ellipse : le scientifique mort a fait naitre une secte), puis deux hommes. Il les insultes copieusement malgré le fait qu’il est responsable de ces accidents. Albert est colérique et de mauvaise foi.

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Il a cependant reconnu deux ennemis jurés de Bob Fish : les frères siamois. Croisment étrange des deux schémas : ces deux méchants sont en couverture de la bande dessinée qu’il vient d’acheter.



Assistant à l’enlèvement du fils Swartenbroeckx, Albert entre dans une courte crise : prévenir la police ou mener son enquête ? Une flaque d’eau permet la délibération : il se donne pour objectif d’enquêter sur l’enlèvement.

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Bob Fish entre à son tour dans le récit. Exposition très rapide à nouveau : c’est un détective privé fauché, un classique du polar. Après s’être plié à la maniaquerie de Swartenbroeckx, son destinateur, il reçoit de lui son objectif : retrouver son fils enlevé.

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Albert de son côté recherche des adjuvants. Son choix s’arrête sur Flup, qu’il définit comme "insignifiant et efficace".

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Flup accepte son rôle entre deux bouffées de cigarettes. Mais leurs agissements ont été observés par "le chinois". Première mission : trouver où se cachent les frères siamois. Un rendez-vous est pris pour faire le point.

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Au rendez-vous, un autre adjuvant apparait brièvement, Jef Castard. Il apporte l’information que cherche Albert : l’endroit où se trouvent Piet et Toone. Faute de pouvoir payer cette information à Jef, Albert paiera de sa personne. Yves Chaland fait allégeance aux années 50’ : ça cogne avec rudresse dans ce récit.

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Cette information lui permet d’espionner les frères siamois et d’obtenir ainsi l’information suivante : le lieu de rendez-vous des brigands avec leur commanditaire.

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Albert intercepte un opposant, "le chinois", qui les a suivis. Il subit une bastonnade copieuse. Ne pouvant le laisser là, ils l’emmenent au point du rendez-vous.

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Le rendez-vous tourne mal pour Albert : Flup, envoyé inspecter les lieux, est tué."Le chinois", fraîchement converti (passé d’opposant à adjuvant), a accepté d’aller voir ce qui est arrive à Flup, espérant prouver sa loyauté de nouvel adjuvant. Il ne revient pas. Albert, qui a vidé son stock d’adjuvants, quitte le lieu du drame lâchement sans tenter de savoir ce qui est arrivé à ceux-ci.

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Un clochard tombe sur la scène de crime.

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Retour de Bob Fish dans le récit, il se précipite à l’annonce de la découvertes de 3 corps d’enfants, dont celui du fils Swartenbroeckx.



l’inspecteur Marolles, désireux d’un classement rapide de l’affaire, accuse le clochard, qui se révèle n’être autre que "Jack le tueur", le fameux psychopathe soigné par le docteur Morant au cours de la scène d’ouverture. Bob Fish ne crois pas, ce qui fait du commissaire, et dans une moindre mesure Jack le tueur, ses opposants.

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C’est à ce moment que les deux schémas se croisent : Albert se rend chez Bob Fish, son héros, pour lui donner l’information capitale qu’il détient : l’endroit où se trouvent les frères siamois.



Effet immédiat : Bob Fish arrête les brigands.

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Conséquence : Bob Fish devient dangereux pour les organisateurs du rapt, dont Piet et Toone n’étaient que les éxécutants.

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Conséquence : on attente à la vie de Bob Fish. Une course poursuite s’ensuit.

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Surprise : l’homme qui a tiré sur Fish est un morantin.



Fish le torture au fer à repasser, le morantin avoue. Ironie dramatique classique : nous ne savons pas ce qu’il apprend, et ses actions futures, qui sont des conséquences logiques de la révélation, nous sont inconnues.

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Parti en voiture vers le dénouement, Bob Fish est abattu par un morantin en moto. C’est le climax.

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Péripétie : Bob se réveille à l’hopital, et reprend en moins d’une planche sa route vers le dénouement.



Bob s’introduit dans la demeure riche et moderne de Swartenbroeckx et le menace d’un pistolet.

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Il le confond : c’est Swartenbroeckx lui-même qui était l’instigateur de l’enlèvement, et qui est le meurtrier de son propre fils. Ce qui en fait l’opposant principal de Bob Fish, en plus de son rôle de destinateur. Coup classique du polar : le privé minable, engagé pour brouiller les pistes et prouver la bonne foi de l’opposant, s’avère être plus intelligent et dangereux que prévu.

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Swartenbroeckx négocie le silence de Bob Fish, celui-ci en profite pour lui soutirer une belle somme. Plot 2.



Son objectif est donc atteint, mais il doit tuer son opposant, sans quoi il héritera de la secte des morantins comme opposant. Résolution.

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Etat des lieux en forme de happy end, Bob Fish est riche et Albert accède son objectif, la reconnaissance de son héros et la possibilité d’échapper à sa condition.

images copyright Chaland et texte copyright Stéphane Noël

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